Intensification de la prise en compte de la performance ESG des entreprises, par par Lise Moret

C’est au tour de Lise Moret, Membre du Comité stratégique de l’ESG Lab & Society, de partager sa vision de l’ESG et du rôle de l’ESG Lab & Society.

Performance ESG : obtenir des preuves concrètes que l’entreprise oriente sa stratégie et son business model pour intégrer les risques ESG.

L’acronyme ESG signifie littéralement Environnement, Social et Gouvernance et se rapporte aux trois principaux facteurs permettant d’évaluer le caractère durable mais aussi profitable de façon pérenne d’une entreprise ou d’une institution.

Les critères ESG appliqués à une entreprise regroupent toutes les dimensions décrivant les relations de l’entreprise avec toutes ses parties prenantes.

Cette notion de partie prenante est cruciale pour comprendre le sens de l’ESG.  Il ne s’agit pas seulement de l’actionnaire mais aussi de notre capital naturel, des collaborateurs, des fournisseurs, des clients, et enfin de la société au sens large. Les enjeux environnementaux mesurent les retombées directes ou indirectes de l’activité de l’entreprise sur l’environnement et les ressources naturelles. Les critères concernés sont par exemple les émissions de carbone, la consommation d’eau, la pollution, les déchets. Les enjeux sociaux réunissent les sujets de capital humain comme le nombre d’heures de formation, la parité homme/femme. Il s’agit aussi de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, la satisfaction des clients, le respect des droits humains. Enfin, concernant la gouvernance, les enjeux correspondants ont trait au fonctionnement même de l’entreprise, son conseil d’administration, les méthodes de rémunération, l’éthique dans les affaires.

La prise en compte des caractéristiques et de la performance ESG des entreprises par les investisseurs s’est progressivement intensifiée au cours des 15 dernières années, à la faveur notamment de grandes crises de gouvernance comme celle des subprimes en 2008/2009. Cette intensification s’explique aussi par la mobilisation internationale et réglementaire autour des grands risques systémiques de durabilité comme le changement climatique ou la perte en biodiversité. Pendant près de deux décennies les investisseurs responsables se sont d’ailleurs largement concentrés sur la notion de risques ESG, ou plus exactement sur la capacité des entreprises à démontrer qu’elles gèrent ces risques.

Les indicateurs les plus scrutés sont ainsi ceux comme l’existence d’objectifs de réduction des émissions de CO2, de gestion des déchets, de gestion des ressources humaines ou encore la présence d’instances d’audit indépendantes surveillant les décisions et les décideurs au sein de l’entreprise. Ce qui est plus récent c’est le fait que l’ESG aujourd’hui va plus loin qu’une seule analyse des enjeux opérationnels et qu’une liste de critères à respecter. Faire état de la performance ESG d’une entreprise ou d’une organisation – du point de vue notamment de la société civile et ou de l’investisseur – doit désormais s’accompagner d’une analyse des externalités et impacts sociétaux concrets visibles et rigoureusement mesurés inhérents à l’activité de cette institution.

La perception de la gestion des risques va aussi plus loin. Il s’agit désormais d’obtenir des preuves concrètes que l’entreprise oriente sa stratégie et son business model pour intégrer les risques ESG.

Un espace commun de discussion entre toutes les parties prenantes économiques est plus que jamais nécessaire

Les attentes en matière d’informations ESG des investisseurs, de la société civile, du régulateur, mais aussi des entreprises elles même ont évolué. Ces enjeux sont clairement considérés aujourd’hui comme stratégiques par beaucoup de centres de décision. Mais les différents acteurs économiques ne sont pas toujours alignés dans leur compréhension et leur définition de ces enjeux. Si les associations professionnelles se sont organisées et les consultations entre praticiens et régulateurs se sont multipliées au cours des dernières années autour des sujets de l’ESG, les silos sont toujours là.

Un espace commun de discussion est aujourd’hui plus que jamais nécessaire pour que toutes les parties prenantes économiques – entreprises, investisseurs, ONGs, régulateurs … – puissent débattre librement et régulièrement ensemble sur des thèmes tels que la transparence extra-financière, les objectifs climatiques, le capital humain, la biodiversité. L’ESG Lab & Society peut et va occuper cet espace.

Lise Moret a rejoint la Banque Hottinguer en mai 2021 en tant que responsable Finance Durable et Investissement à Impact. Elle est également présidente de la Commission Recherche du FIR et membre de la Commission Climat et Finance Durable de l’AMF. Lise a été au cœur de l’initiative finance durable du groupe AXA qu’elle a rejoint en 2007. Lise a débuté sa carrière en tant qu’économiste à la Banque CPR en 1997, et chez Dexia AM puis Exane BNP Paribas entre 1999 et 2007. Lise est diplômée en économie mathématique (EHESS).